Retenir l’eau – une réponse au réchauffement
Publié le 24 avril 2025
Quand les températures grimpent, les forêts offrent bien plus qu’un refuge simple de fraîcheur: leurs terres d’eau jouent un rôle crucial dans la régulation du climat et la rétention de l’eau. Restaurer ces milieux humides renforce la résilience des écosystèmes forestiers et soutient l’agriculture en période de sécheresse.
En plein été, lorsque la chaleur est étouffante sur les champs qui s’étendent à perte de vue, rien ne vaut une promenade dans la fraîcheur ombragée de la forêt. Pas seulement parce que la forêt nous offre une protection contre le rayonnement solaire — on y profite aussi de l’absence du rayonnement thermique que la végétation asséchée des champs dégage. Dans la forêt, l’énergie de la chaleur ambiante est utilisée pour la transpiration des feuilles vertes. Cette évaporation refroidit l’air et adoucit la température sous le couvert forestier. Les plantes n’utilisent qu’un pourcentage infime de l’eau pompée dans le sol pour leur croissance. Leurs feuilles restituent à l’atmosphère l’essentiel de l’eau absorbée par les racines, ce qui constitue tout un cycle hydrologique. L’évaporation est ainsi augmentée par le fait que les pluies tombent davantage au-dessus d’une surface forestière que d’un terrain ouvert. Ce sont notamment les forêts, à la source des bassins hydriques, qui sont essentielles pour capter et retenir les eaux des précipitations dans chaque bassin versant.
Leurs feuilles restituent à l’atmosphère l’essentiel de l’eau absorbée par les racines, ce qui constitue tout un cycle hydrologique.
Ainsi la forêt et les arbres nous aident à retenir l’eau dans les paysages durant les saisons sèches. Ce phénomène est d’autant plus intéressant pour un agriculteur, si la forêt se trouve en amont de ses terres labourées. Pendant la période sans précipitations, le sous-sol forestier imbibé d’eau relâchera cette précieuse ressource au profit des champs en aval qui, autrement, resteraient secs pendant longtemps.
Pendant la période sans précipitations, le sous-sol forestier imbibé d’eau relâchera cette précieuse ressource au profit des champs en aval
Le travail des forestiers qui prennent soin de l’écosystème sylvicole est inestimable pour la communauté. Sur le terrain, ils (ou elles) identifient chaque dépression boisée afin que celle-ci puisse recevoir et absorber un maximum d’eau pour la conserver dans le sous-sol. Augmenter cette absorption ne demande pas de moyens importants. Il suffit de maintenir les mares existantes en bon état et de réhabiliter celles qui ont été dégradées, petites ou grandes. C’est d’autant plus important dans la situation actuelle de réchauffement climatique qui pose aussi des défis à la sylviculture. Les agriculteurs apprécieront le travail de leurs collègues forestiers, car retenir l’eau de pluie dans le sous-sol forestier permet son écoulement pendant les périodes d’étiage. Ces périodes ont malheureusement tendance à s’allonger.
Retenir l’eau de pluie dans le sous-sol forestier permet son écoulement pendant les périodes d’étiage
Maintenir et restaurer des milieux humides en forêt est rentable. L’investissement modeste pour des aménagements paysagers génère de multiples bénéfices. Des terres d’eau à l’intérieur des forêts n’améliorent pas seulement le climat local, elles servent également d’abreuvoirs et de souilles pour les chevreuils et les cerfs, de mares de reproduction pour les tritons et les crapauds, et de refuges pour les salamandres rares et animaux sensibles. Leur flore fournit aussi aux insectes pollinisateurs de quoi butiner. Recréer des terres d’eau en forêt rendra nos paysages boisés plus résistants aux défis écologiques qui sont d’actualité, tels que les périodes de sécheresse, les tempêtes, les pluies intenses avec inondations et glissements des terrains instables. Et, cerise sur le gâteau, les forêts ainsi diversifiées seront beaucoup plus riches en découvertes lors d’une prochaine balade, que ce soit une sortie purement récréative ou exploratoire.
Recréer des terres d’eau en forêt rendra nos paysages boisés plus résistants aux défis écologiques qui sont d’actualité