La richesse des lisières étagées

Publié le 15 avril 2023

Véritables interfaces entre les milieux forestiers « fermés » et les terres agricoles ou prairies « ouvertes », les lisières abritent de nombreuses espèces animales et végétales liées à ces deux habitats. Elles permettent à la faune de circuler à travers le territoire en reliant les biotopes et en servant de zones de repli.

 

Les strates d’une lisière
Pour favoriser leur potentiel écologique et leur permettre de jouer pleinement leur rôle d’interface et de protection de la forêt, les lisières doivent présenter une structure dite « étagée », composée de différentes strates végétatives qui se succèdent sur environ 40 m de profondeur : un ourlet herbacé, une ceinture buissonnante et un manteau forestier.

Ces strates peuvent être complétées par la mise en place d’amas de branches, de tas de pierres, de gouilles, de fossés et d’arbres fruitiers qui favoriseront l’implantation de très nombreuses espèces faunistiques et floristiques. En plus de cet étagement vertical, une sinuosité horizontale permet de créer des zones herbeuses appréciées par les ongulés (cerfs, chevreuils, sangliers, etc.).

La lisière étagée a un effet protecteur pour la forêt en régulant son climat intérieur, notamment la température et l’humidité. Avec sa morphologie particulière, elle permet aussi au vent de passer par-dessus la forêt et de diminuer ainsi le risque de chute d’arbres à l’intérieur de l’espace forestier en cas de tempête.

Un entretien régulier
L’entretien des lisières étagées s’effectue généralement à un rythme de 5 à 8 ans. Le traitement d’une lisière doit apporter plus de lumière, de chaleur et de structuration verticale et horizontale. D’une manière générale, il faut récolter les jeunes arbres à croissance rapide (frêne, saule), tailler les buissons les plus vigoureux (noisetiers, vernes) et favoriser les épineux indigènes (églantier, épine-vinette, aubépine, épine noire, pommier et poirier sauvage, framboisier et ronce). Les gros et majestueux arbres en lisière sont à conserver pour leur valeur en termes de biodiversité et de structuration du paysage. L’ourlet herbacé doit être périodiquement fauché, tous les 2 à 3 ans, idéalement entre le 15 juin et le 15 juillet. Le fauchage peut être remplacé par un pâturage extensif ou combiné avec une pâture automnale. Les buts sont d’éviter l’embroussaillement et de favoriser la diversité des espèces.

L’entretien des lisières apporte des bénéfices à l’agriculture, à la forêt, à la nature et donc à nous toutes et tous.

  • François Godi

    François Godi est ingénieur forestier EPFZ , co-fondateur de GG Consulting Sàrl à Bercher. Après des études d’ingénieur forestier à l’EPFZ et en protection de l’environnement à l’EPFL, il s’engage en coopération au développement au Rwanda et au Bhoutan. De retour au pays, il réalise des mandats dans différents domaines de la planification et de la gestion forestière en Suisse et à l’étranger.