Les services écosystémiques forestiers: de quoi s’agit-il?

Publié le 29 janvier 2024

La forêt permet à l’être humain depuis la nuit des temps de respirer, se protéger et se chauffer. Elle offre des espaces de détente, régule le climat et rend bien d’autres services qui favorisent le bien-être de l’individu et de la société. C’est ce qu’on appelle les «services écosystémiques forestiers», qui ont une valeur aussi bien économique, sociale que sanitaire.

 

On classe généralement ces services selon trois catégories principales:

  • les services d’approvisionnement. Ce sont les produits tangibles fournis par l’écosystème, comme le bois, les baies, les champignons, l’eau potable et l’oxygène,
  • les services de régulation. Il s’agit des avantages intangibles, assurés par le bon fonctionnement des écosystèmes, tels que la régulation du climat, la protection contre les dangers naturels, le filtre à air, la biomasse en temps que puits de carbone,
  • les services culturels. Ils représentent les prestations non matérielles fournies par les écosystèmes, soit le paysage, les espaces de loisirs, de détente, de formation et de recherche.

Les avantages de ces services sont multiples et peuvent changer selon leur utilité pour la population. Par exemple, le service de protection contre les chutes de pierres dans les zones sans habitation ne procure pas les mêmes bénéfices que dans une zone urbaine. En outre, nous bénéficions tous de services écosystémiques sans qu’on s’en rendre compte à l’exemple de la filtration de l’air par les arbres!

Avec les discussions sur le changement climatique et l’augmentation de la demande sociétale, l’approche des services écosystémiques fait de plus en plus partie du langage forestier. Toutefois, leur intégration dans la gestion forestière multifonctionnelle préconisée en Suisse n’est pas encore d’actualité, à l’exception de la production de bois, de la protection contre les dangers naturels et parfois de l’approvisionnement en eau potable.

Le concept de service écosystémique entraîne un changement de paradigme, car il est systématiquement envisagé du point de vue d’une relation entre le service et un ou des «bénéficiaires-clients», avec une logique économique de monétarisation.

L’évaluation monétaire de la nature n’est en soi pas nouvelle. Dès le 19e siècle, des compensations financières liées à des dégradations environnementales sont déterminées. Les préjudices alors reconnus sont les dommages matériels (par exemple la diminution de récolte), les dommages immatériels (valeur vénale de la propriété), les dommages moraux (altération de la jouissance).

Aujourd’hui, on cherche moins à indemniser des dommages qu’à monétariser les bienfaits multiples de la forêt et des arbres. Pour ce faire, plusieurs instruments peuvent être appliqués, tels que la mise sur le marché du service, le subventionnement par l’Etat, le sponsoring, la certification, la labellisation.

Les méthodes d’estimation de la valeur monétaire des différents services doivent être en mesure de fournir une valeur aux bienfaits pour l’être humain. Si certains services ont, à l’exemple du bois, une valeur marchande, d’autres, à l’exemple d’un service culturel, n’en ont pas. Dans ces cas, diverses méthodes peuvent être appliquées avec des résultats parfois fort différents. L’absence d’une standardisation de ces méthodes rendent cependant le choix complexe et la valorisation monétaire des services concernés incertaine.

Néanmoins, sans attendre cette standardisation, une présentation des services et de leurs valeurs ajoutées quantitatives et/ou qualitatives pour la communauté, la santé, la société ou l’environnement est déjà un premier pas significatif.

 

Pour en savoir plus :
OFEV 2022 : Notice Fonctions de la forêt et services écosystémiques forestiers

  • François Godi

    François Godi est ingénieur forestier EPFZ , co-fondateur de GG Consulting Sàrl à Bercher. Après des études d’ingénieur forestier à l’EPFZ et en protection de l’environnement à l’EPFL, il s’engage en coopération au développement au Rwanda et au Bhoutan. De retour au pays, il réalise des mandats dans différents domaines de la planification et de la gestion forestière en Suisse et à l’étranger.